Pour quoi?

S'amuser

Le clown, c’est la célébration de notre pathétisme, il rit d’abord de lui pour rire des autres.

Alain Vigneau

S’amuser doublement ; un comme public et deux comme clown sur le plateau !

Oui les clowns font rire, en nous partageant leur maladresse, leur ridicule, leur exagération, ils nous soulagent de notre propre imperfection. En tant que public, on s’amuse en les regardant parce qu’ils nous surprennent, trouvent des solutions impensables, et créent un décalage avec la réalité du quotidien.

Sur le plateau, être clown (ce qui n’est pas la même chose que faire le clown), c’est être dans l’attitude d’acceptation de nos limites et de les transformer en jeu. Le clown provoque des rires, souvent à ses dépens, sans intention. Faire rire procure une sensation de « reviens-y », c’est goûteux pour tout à chacun-e.

Gérer le stress

De manière générale, la pratique du clown va développer une capacité chez la personne à rebondir face à toutes sortes de situations à travers un travail sur soi. Par exemple, face à une réaction sans précédent du partenaire de jeu, d’une musique qui génère une ambiance distincte à celle que l’on s’imaginait, à des gestes qu’on fait et qui semblent « sortir de nulle part », qui semblent avoir été fait par quelque qu’un d’autre que soi-même et dont il faut, sur le champ, intégrer dans l’improvisation. Tout cela pousse le clown à chercher et à trouver, dans l’urgence de l’instant, une série d’actions appropriées et pour ce faire, il doit recourir à une posture ou à une attitude propice grâce à : des exercices d’ancrage, d’écoute de soi et du partenaire de jeu, de réactivité, de respiration. Ainsi, il gérera le stress continu des imprévus.

Gagner en liberté

Le clown invite à “sortir des sentiers battus” et requiert principalement l’audace d’agir autrement, de sortir de sa zone de confort. Or, face à un public, il est d’autant plus difficile de s’enhardir sur des chemins nouveaux. Le clown permet un espace d’expérimentation protégé, ludique et poétique, qui permet de relativiser les difficultés qu’on s’imagine devoir affronter si on sortait de sa routine : l’état de jeu dans lequel on est en pratiquant le clown invite à oser l’aventure de l’audace tout en étant à l’abri des jugements, d’autant plus que toute situation est sujette à l’autodérision. Dans ce sens, grâce au clown, on peut s’éloigner des présupposés qu’on doive toujours garder la face, avoir la réplique à tout, qu’on doit être efficace en toutes circonstances, etc. C’est-à-dire que dans ce contexte, la reconnaissance de ses propres fragilités permet de les assumer et de les métamorphoser. Autrement dit, la pratique du clown invite à transformer une difficulté ou une faiblesse en une force de jeu. Ce qui permet de relativiser les conséquences potentiellement négatives et d’oser plus facilement à sortir de l’attendu. Le “non prévisible” sera surprenant pour soi-même et pour le public, ce qui procure un plaisir régénérant et de l’énergie.

Pour moi les questions que pose l’apprentissage du clown rejoignent des interrogations personnelles sur la liberté, la présence au monde et la légitimité d’une posture ¨hors-normes¨.

Pablo Rosenblat

Reconquérir sa spontanéité

Le clown joue là et maintenant (cf. Mieux s’ancrer dans le présent). Au moment d’improviser, il s’agit d’être à l’écoute de ses impulsions, de ses envies et de les suivre. Dans un premier temps, le clown désapprend la retenue de sa spontanéité liée aux conventions sociales pour (ré)apprendre à s’aligner sur le fil de sa spontanéité tel un funambule. La (re)conquête de la spontanéité peut commencer lorsqu’on observe les impulsions corporelles qui nous indiquent clairement la direction à prendre. Pour cela, s’arrêter permet d’« entendre » ce qui cherche à émerger en nous pour se concrétiser ensuite lors du jeu sous forme d’actions. Pratiquer le clown permet d’affiner l’écoute de sa spontanéité. Puis dans un deuxième temps, lorsque le chemin de la spontanéité sera bien huilé, il s’agira de choisir quelle option choisir face à toutes celles qui se présenteront. Mais ça, c’est une autre histoire !

Retrouver de l'énergie

Le clown est un moyen pour “retrouver de l’énergie” et se ressourcer. C’est notamment grâce au travail d’ancrage permettant de se connecter à soi-même et grâce au travail de groupe que cette énergie circulera. Car cela fait tout simplement du bien de partager des rires avec d’autres. Et rire, c’est bon pour la santé ! Regarder un clown en train de jouer avec une difficulté (enfiler une manche, par exemple) permettra de révéler les traits de caractère de ce clown (méticuleux, impatient, colérique, etc.) et provoquera une empathie auprès du public, créant ainsi un va-et-vient d’énergie constant entre le clown et le public.

J’ai toujours été fasciné par une liberté qui émerge de manière inattendue dans le clown. Elle échappe à votre contrôle, comme si elle ne vous appartenait pas, une énergie libérée que vous n’avez pas cherchée, qui apparaît quand vous vous y attendez le moins et vous surprend. Comme si la force qui sort de votre corps était poussée par quelqu’un d’autre, quelqu’un qui n’est pas vous, même si vous êtes celui qui l’exécute. Quelqu’un d’autre que vous pensez connaître ou dont vous vous souvenez, un être qui dort en vous et se réveille en sursaut.

Quelqu’un avec qui vous avez vécu toute votre vie et qui est libre avec toute la force de la nature, une force vertigineuse et enfantine qui vous enivre d’un état de profonde idiotie et de plaisir. Cette énergie débridée peut aller si loin que son action prend des formes inédites et des lectures différentes, brise les styles préconçus, envahit l’inconscient du public, sautant par-dessus toute barrière intellectuelle ou conceptuelle. Cette force extraordinaire donne à votre corps liberté et plaisir, vous vous sentez entier, fluide, précis et clair. Le clown est un être extravagant qui dépasse toute logique et remplit chaque acte d’une poésie extraordinaire.

Gabriel Chamé Buendia

S'ancrer dans le présent

Quand le clown entre en scène, il ne cherche pas à jouer un personnage. Il arrive sans passé, sans expérience, il est le clown de l’instant, sans attente. Il accepte de naître à nouveau, il méconnait ce qu’il voit et déconnait les clowns qu’ils rencontrent, ce qui offre toutes les possibilités d’advenir ou pas. Dans ce sens, le clown est un être changeant, complexe et intéressant par le simple fait d’être là, une nouvelle fois, comme il ne l’a jamais été. Pour être dans l’accueil du moment, la respiration, le fait de “demeurer” sans chercher à faire quelque chose absolument, mais laisser l’impulsion se dire d’elle-même et la suivre sont des outils puissants. L’exercice de se lancer dans le vide, aussi vertigineux qu’il y paraisse, permet d’apprivoiser l’instant présent, sans autre injonction (d’efficacité, de paraître, de jugements, etc.).

Le clown n’a pas d’histoire, il est l’histoire qu’il raconte.

H. Miller

Acquérir de l'aisance face à un groupe

Quand on cherche à être plus à l’aise face à un groupe de personnes, on pense “parler en public”, perdre sa timidité. Si tel est l’objectif, en clown, il y a des étapes qui mènent à cela en douceur et de façon ludique, notamment grâce à des outils permettant d’accepter et d’assumer qui on est face à un public, comme :

  • l’ancrage
  • le regard – voir et se laisser voir,
  • la voix – sons et grommelot
  • les mots – le texte

L’ancrage :

Il s’agit de trouver les chemins personnels qui permettent de se rendre disponible au présent, à s’ouvrir à soi et aux autres, de trouver la confiance en soi et de s’affirmer. Autrement dit, être plus à l’écoute de soi-même.

Le regard : voir et se laisser voir, une prise de risque 

Le clown regarde vraiment le public, car sans présence du public, il n’existerait pas et le public n’existerait pas sans celle du clown. Regarder le public signifie regarder une ou plusieurs personnes en particulier dans ce public et le-s rendre témoins de l’instant présent de sa vie de clown. Ainsi, une relation, grâce au regard, peut naître entre le clown et le public, il en résulte un partage rempli d’authenticité et de complicité. La vision du clown est d’assumer cet échange comme une offrande et non comme une démonstration ou une épreuve où on doit prouver qui on est ou ce dont on est capable de faire. Se laisser voir à son tour, constitue une prise de risque et fait partie du processus d’acceptation de soi et de relativisation de l’importance du regard de l’autre. Apprivoiser ce chemin permet de s’adresser avec plus d’aisance à un autre public, professionnel, par exemple.

La voix : sons et grommelot

Il arrive au clown de parler le “grommelot”. Le grommelot est une sorte de charabia, une langue qui, pourtant, est compréhensible. Par le jeu de l’exploration des sons et par le grommelot, le clown prend moins au sérieux le fait de s’exprimer par oral. Il prend  “l’espace sonore” sur scène avec une distance avec le “juste, le bien parlé”, ce qui permet de dédramatiser la prise de parole en public. Le mental ayant moins d’emprise, l’usage de la voix acquiert de la fluidité.

Les mots : le texte

Le clown est un bon orateur, car il communique avec tout son corps, son regard et dit juste le nécessaire. Il aligne, la plupart du temps, peu de phrases, préférant les mots, brefs, cinglants, étonnants, poétiques. La retenue de ses prises de paroles les rendent d’autant plus percutantes. Prendre conscience qu’il faut peu de mots pour avoir un impact sur le public est rassurant, valorisant et encourageant pour prendre la parole en public.

J’ai trouvé intéressant l’équilibre à trouver entre le jeu et la communication à créer avec le public.

François

Se sentir à l'aise dans son corps

Le clown est libre de bouger en faisant fi des convenances et du convenu. Il est dans le corps d’un enfant de deux-trois ans, dans l’exploration de la sensorialité du corps en mouvement, de l’air qui caresse la peau, des odeurs. Il est absorbé par ce qu’il vit et est poussé comme par un moteur en avant pour poursuivre les découvertes. Il se fiche du regard des autres. Cette attitude guide le clown et spontanément son corps suit naturellement. Il s’agit alors de se permettre de suivre ses impulsions et être là où il est bon d’être (cf. Acquérir une plus grande aisance face à un groupe).

Mieux gérer les regards

Le regard : voir et se laisser voir, une prise de risque 

Apporter de la légèreté au travail

Pratiquer le clown permet de regarder notre quotidien avec un peu de distance et de s’observer en train d’agir, ainsi que les autres. L’empathie du clown tend à augmenter la tolérance et à s’amuser un temps soit peu de la situation présente. Il ne se moque pas, il s’amuse de l’incongru des situations.

Le concept de jeu nous permet de voir que ces définitions (de gagner et de perdre) sont importantes en même temps qu’elles ne le sont pas, parce que si je perds, ce n’est pas la fin de quelque chose, mais une autre façon de continuer à jouer à nouveau. (…) Le succès et l’échec sont un fait artistique s’ils ont une valeur ludique, cela rend ces deux grands adversaires relativisés et dynamiques dans la poursuite du drame.

 Gabriel Chamé Buendia

Je remarque que mes cours de clown m’apportent des compétences pour mon travail dans une fiduciaire. Je constate que je réussis plus facilement à me sortir de situation en cul-de-sac, par une pirouette : une attitude, un silence ou un regard.

Myriam